La brûlure est une blessure particulière pour un couple, car les conséquences de l’accident peuvent durer sur le très long terme et l’amour est mis à rude épreuve. Tous les couples ne s’en sortent pas indemnes, il faut de la patience, de la compréhension et de la force. Le rôle du conjoint du brûlé est très important.
La reconstruction de la peau sur le long terme : enveloppe physique et psychique
Une nouvelle situation à apprivoiser…
Tout d’abord, prudence, pour l’autre comme pour vous. Préparez-vous à retrouver l’être cher dans un état difficile à voir, alité, avec ses bandages etc. Lors d’accidents graves, on ne connaît l’ampleur des transformations physiques qu’après plusieurs années car beaucoup d’opérations nécessitent du temps. De plus, une fois les opérations réalisées, la cicatrice prend en moyenne deux ans pour se stabiliser. Gardez donc en tête qu’au début, aucune indication sur les conséquences physiques de l’accident n’est possible et que l’urgence est sur le psychique.
La peau, un élément au centre de notre être
Il faut être rassurant, sans pour autant imaginer comprendre ce que le grand brûlé vit. La peau est un élément du corps très narcissique donc la perte d’estime de soi est forte. C’est en effet l’enveloppe physique mais aussi psychique de l’homme. Le Moi-Peau est un concept clef de la psychologie, développé par Didier Anzieu à partir des années 1970. Il explique le lien très fort entre la psyché et le corps de l’homme.
Les différentes phases à traverser
Tout d’abord, le trouble et l’angoisse…
Vous pouvez éprouver de l’angoisse dans un premier temps, en vous questionnant sur la souffrance de l’autre, sur l’après-accident. Il faut tout d’abord accepter qu’il y a, pour chacun de vous ainsi que pour le couple, un avant et un après. L’accident entraîne un choc physique et psychologique intense, avec un état de stress psychosomatique à prendre en compte. Il s’agit donc d’accueillir cette nouvelle situation, et de rassurer l’autre dans ce moment charnière et difficile.
Ensuite, le sentiment de culpabilité peut naître…
Dans un deuxième temps, on retrouve souvent le sentiment de culpabilité. “Si je lui avais dit de faire attention…”, “si j’avais été là…”. Ces pensées sont à chasser de l’esprit, l’accident résultant souvent d’un événement inattendu, fortuit. Le futur n’est pas prévisible et ce n’est pas votre faute. Il faut accepter l’aspect irréversible de l’accident, aussi dur que ce soit, pour pouvoir le surmonter.
Entre l’absence dûe à l’hospitalisation et le retour de la personne brûlée, trouver votre équilibre…
Malgré l’hospitalisation de votre conjoint(e), la vie doit continuer. Il convient donc de retrouver un rythme seul, entre travail et visite à l’hôpital.
Au sein du couple, la séparation de part l’hospitalisation autant que le retour au foyer sont difficiles à gérer. Le couple passe du tout au rien, dans un cadre de souffrance.
Attention à ne pas se transformer en infirmier(e) à la maison. Vous devez laisser les professionnels de santé faire leur travail pour protéger votre relation amoureuse. La relation de couple est plus importante que jamais : en prenant trop l’autre en charge, vous risquez de l’infantiliser, de le fragiliser et de vous épuiser. Restez un soutien, un recours quand tout va mal.
En parler est une aide précieuse, pour le brûlé et son partenaire
Tout comme la personne brûlée, n’hésitez pas à vous faire suivre psychologiquement. Après un tel traumatisme, une personne brûlée connaît beaucoup de changements d’humeur passant d’accès de colère à l’apathie et au désespoir. Oser parler en couple de vos peurs, de vos difficultés vous consolidera. Le danger est de ne plus dire les choses de peur de les empirer. Il est légitime que vous souffriez, même si votre souffrance est incomparable avec celle de votre conjoint. C’est pour cela qu’un lieu où vous pouvez faire le tri des nombreuses émotions ressenties, en groupe ou à deux est important.
Il faut s’attendre à ce que le brûlé passe par des phases de rejet de son conjoint(e), parce qu’il ne se supporte plus lui-même, et il est important pour vous de reconnaître ces phases, de les comprendre, et de les accepter.
Parfois malheureusement, c’est un trop gros défi à relever pour le couple. Dans ce cas encore, la culpabilité d’abandonner quelqu’un de malade peut être difficile à gérer, et il est conseillé d’être accompagné psychologiquement pour mieux comprendre où se situent vos limites, pourquoi, et comment l’accepter.
Cet article a été réalisé avec l’aide précieuse de Violaine Patricia Galbert, Thérapeute de couple spécialisée dans la gestion de crise et du stress post-traumatique, Conseillère Conjugale et Familiale.